K U E

A T T I N U K A N

40 ANS

1982 / 2022

C  R  K  A     106,9 FM

CRKA:  Canadian Radio Kue Attinukan.  Sa raison d’être.

KUE ATTINUKAN se traduit par “Bonjour Légende“, deux incitatifs au récit à caractère merveilleux où les faits historiques sont illustrés par un conte relatif au sujet représenté.

Historiquement les radios autochtones ont vu le jour dans les débuts des années 1982. À cette époque, au milieu des années 1970, il faut tenir compte des enjeux géo-socio-politiques entre les nations favorables aux propositions du Québec qui tend la main pour une entente et aboutir à un Traité avec la Société d’État Hydro-Québec et les gouvernements canadien et québécois.  Parmi les dix nations du Québec, les Cris, Inuit (1975) et Naskapi (1978) signeront respectivement la Convention de la Baie de James et la Convention du Nord-Est Québécois.

Ces deux conventions affecteront les droits et titres ancestraux des nations Attikamekw et Innus (Montagnais) par des chevauchements territoriaux.  Litige qui mènera à des consultations et à des travaux de grandes recherches sur l’occupation et utilisation des territoires revendiqués.  Les deux nations unissent leurs travaux et créent le Conseil des Attikamekw-Montagnais (CAM), organe politique regroupant douze communautés dont trois chez les Attikamekw et neuf chez les Montagnais (Innus).

Les gouvernements du Canada et du Québec, aux travaux de consultations et d’informations, contribuent financièrement et accompagnent le CAM dans certains secteurs dont les négociations territoriales globales.  Le Secrétariat des Affaires Gouvernementales en Milieu Autochtone et Inuit (SAGMAI) diffuse des périodiques mensuels pour rejoindre et mieux informer les Attikamekw et Montagnais.

Autre que les périodiques du gouvernement et pour faire avancer ses travaux, le Conseil des Attikamekw-Montagnais créera la Société de Communication Attikamekw Montagnais.  Le CAM pourvoira alors à toutes les communautés d’une station de radiodiffusion et la SOCAM, avec des émissions quotidiennes à raison de vingt-sept heures par semaine, rejoindra les occupants et utilisateurs concernées aux revendications territoriales globales.  La Société de Communication Attikamekw et Montagnais aura trois centres de productions. La maison mère basée à Wendaké et les deux autres aux endroits stratégiques :  La Tuque en Mauricie pour les Attikamekw et Sept-Îles sur la Côte-Nord pour les Innus.  

PROGRAMMATION

La SOCAM formera ainsi une vingtaine de journalistes, de régisseurs, animateurs et techniciens. Les débuts des radios dans les communautés semblent bien accommoder l’auditoire. Non seulement par des informations et nouvelles politiques, mais du divertissement que peut créer l’équipe d’animation locale selon l’invitation aux activités.

La musique country anglophone et francophone occupent une place importante dans la programmation et ce, par les demandes spéciales des auditeurs et auditrices.  À cette époque, la discographie ou répertoire de musique autochtone était quasi inexistante. La radiophonie amène à promouvoir certaines activités dont la chanson en langue innu. D’autres activités dans la programmation verront le jour.  Notamment les histoires de vie, de nomadisme d’antan, les cantiques religieux, concours d’amateurs en direct aux temps des fêtes, les souhaits d’anniversaires à 0,25 cennes la chanson, la couverture et la retransmission des évènements culturels et sportifs et bien sûr les fameux bingos qui sont source de financement pour l’achat d’équipements et de matériel musical.

Les débuts de la radio communautaire de Matimekush Lac john entraîna une certaine popularité éphémère dans la course de côte d’écoute chez les animateurs. L’idée est de faire jouer la meilleure des musiques par des chansons endisquées au vinyle de 33 ½ et 45 tours, les succès de l’heure qu’ils soient anglosaxon ou francophone. En parlant du téléphone qui ne cesse de sonner agissant comme indicateur “audio-mètre“ des 106 jadis maisons.

Bon an mal an et au fil des saisons, une importante proportion de la communauté innue de Matimekush Lac John a été au service de la Radio Kue Attinukan.  Directeurs, membres administratifs, responsables et effectifs des soirées de bingos, animateurs ou animatrices et de nos fameux “morning men“ pour accompagner nos déjeuners.

Pour en citer quelques-uns :  Le “Ô Canada“ matinal, hymne nationale chanté par feu André Joseph avec une note 10/10.  Les nouvelles locales traitées minutieusement de notre ex-politicien feu Augustin Vollant.  Les bonnes “tounes“ du doyen des animateurs feu Léon Mckenzie.  L’apprenti et autodidacte feu Maurice Gabriel. Et avec un bon répertoire musical des succès de nos jours jusqu’ à la première chanson endisquée, notre “morning man“ feu Raphael Jean-Pierre.

Dans les débuts, pensons aux premiers : Jean-Marie Mckenzie (M), Tommy Vollant, Aline Jean-Pierre, Pauline Aster, Phillipe Vollant et bien d’autres jusqu’à récemment aux cris et frissons des émissions de Jimbo Rock (Jimmy Vollant).  Il y a aussi des gens qui, dans leur quotidien, ont adopté et maitrisé le microphone;  Marie-Marthe Mckenzie et Michel Vollant, quel que soit l’évènement, ils sont toujours au service de la radio communautaire et de la population.

Élire domicile

Bien sûr, nos politiciens d’époque avaient seulement pensé à une antenne radio le Kaiamu-mishtuk.  Le “poteau qui parle“ aura de la misère à élire domicile. Dans les premiers temps à Matimekush, Kue Attinukan occupait un local adjacent des bureaux du Conseil des Indiens Montagnais de Schefferville (ancienne appellation).  Le bâtiment se détériora quelques années après que le Conseil de la Nation Matimekush Lac John ait rénové les anciennes demeures des Naskapis pour les transformer convenablement en bureaux administratifs.

Avec la prise en charge de l’éducation et des anciennes installations de la Commission Scolaire du Golfe, le Conseil de la Nation Innue Matimekush Lac John attribua à CRKA un local chaud pour mieux vaquer à ses activités courantes.  Plus tard, école en rénovation rime avec avis d’éviction pour CRKA.  Une fois de plus, notre radio se retrouve sans toit. Elle sera relocalisée temporairement à la mezzanine de l’aréna, endroit là où le café ne dégage point de chaleur et de saveur. 

Mais en vain, au terme de leur activités, les contracteurs en construction domiciliaire légueront à la radio, un logis mobile de seconde main.  Bâtiment qui, contre les froids du subarctique, a failli être relocalisé à l’intérieur de l’aréna.  Le poteau qui parle Kaiamiu-mishtuk n’a pas perdu le nord avec tous ses va-et-vients jusqu’au jour, un conseil administratif retrousse les manches et fait une demande officielle en immobilisation auprès des instances gouvernementales. Demande que les dirigeants du CAM avaient omis faire en premier.

De nos jours, avec les plates-formes numériques, progrès technologiques et de radiodiffusion, la radio Kue Attinukan s’est pourvu d’accessoires, de matériels et d’outils de derniers cris afin de mieux poursuivre ses activités et ce, dans un bâtiment neuf et adapté à ses besoins fonctionnels.

C R K A  106,9  FM  RADIO  KUE  ATTINUKAN : L’ENTITÉ

Les négociations rompues entre défunt Conseil Attikamekw Motagnais et les deux gouvernements, ont marqué une fois de plus la légende de la radio qui se retrouve orpheline.

La communauté a su s’adapter et su s’en servir du poteau qui parle. En fait, elle l’a adopté par ses chants, sa musique, ses humeurs et ses histoires…,

Aux débuts des installations des stations radios communautaires chez les Innus et Attikamekw, tous les Kaiamiu-mishtuk furent baptisés par des concours. Dans la communauté de Matimekush Lac john, le concours ayant eu lieu heurta un mur. L’appellation de la radio aurait porté le nom de PETAPANU (celui qui surgit de l’aube), en hommage à un aîné très respecté par les siens. Une dame s’y opposa et n’avait pas tort puisqu’aucune radio ne porte un nom d’un sage aîné en particulier.  Les radios communautaires innus ont comme nom le caractère animalier, d’une sépulture ou un nom particulièrement distinct et représentant la vie des Innus en général.   

Donc le deuxième choix remporta le concours.  On dit que KUE ATTINUKAN serait l’idée de feue Philomène Grégoire-Mckenzie (Madame Léon Mckenzie).  Mme Mckenzie aurait donné son idée à son fils aîné pour participer au concours. Celui-ci aurait négligé le concours et ignoré la demande de sa mère. Le second fils ayant pris la relève remporta le prix du concours.

Telle est la Légende de KUE ATTINUKAN